Le système de santé pour les enfants

Description du système de santé

Ce chapitre (p.91 à 102 du rapport) décrit le système de santé luxembourgeois et les moyens humains et structurels mis en œuvre au service des enfants, et en aborde l’évaluation au regard de résultats mesurables. Ce chapitre commence par une description générale des services et soins de santé disponibles et de leur gouvernance, et utilise ensuite des indicateurs quantitatifs pour décrire et observer l’évolution des résultats au sein des divers secteurs du système de santé.

Conclusions sur le système de santé pour les enfants

Le Luxembourg dispose d’un certain nombre de politiques et de programmes de santé couvrant la promotion de la santé, la prévention et le dépistage précoce des maladies. Ces politiques relèvent de la responsabilité de plusieurs ministères. Si, dans certaines instances, une approche multisectorielle a été adoptée (comme Gesond iessen, méi bewegen), nous n’avons pas été en mesure de trouver une stratégie nationale publiée concernant la santé des enfants, avec des objectifs définis et des informations sur les politiques et programmes existants. Il n’existe pas d’organisme unique qui porte la responsabilité de l’adéquation des soins aux spécificités de l’enfant et qui veille à ce que les services et les soins de santé respectent leurs droits et besoins fondamentaux.

Les visites prénatales et les visites médicales à visée préventive, y compris celles qui bénéficient d’un incitant financier pour en optimiser le taux de participation, ainsi que les vaccinations, sont prodiguées par des praticiens libéraux (voir section 1.3 sur la couverture de ces services). De nombreux programmes de dépistage systématique sont disponibles gratuitement, mais les résultats d’un test de dépistage positif restent en grande partie non documentés.

Les informations destinées aux parents, aux soignants et au public sur la meilleure façon de promouvoir et de protéger la santé des enfants à des âges spécifiques, ainsi que sur les programmes de santé disponibles pour les enfants, sont dispersées dans diverses brochures et sites internet ; en l’absence de conseils et de recommandations incluses dans le Carnet de santé de l’enfant, les parents et tuteurs sont laissés à eux-mêmes pour rechercher des informations fiables.

La prise en charge hospitalière des grossesses complexes et à risque et des enfants est centralisée au sein du CHL. Les consultations pédiatriques d’urgence en dehors des heures d’ouverture des cabinets médicaux sont organisées avec des pédiatres de soins primaires. La planification des soins primaires pour les enfants et les femmes enceintes n’est pas soumise à une base légale.

La Caisse nationale de santé couvre généreusement les soins et les prestations de santé pour les enfants, sans reste à charge pour les consultations, les séjours hospitaliers et les soins médicaux de routine. 

Les ressources pour la prise en charge des enfants

Il est essentiel de disposer de ressources suffisantes pour fournir les soins et les prestations de santé nécessaires aux enfants et aux femmes enceintes afin de garantir leur santé. Le présent chapitre (p.103 à 128 du rapport) porte sur le personnel de santé, les infrastructures et la dispensation de produits pharmaceutiques pour les enfants et les femmes enceintes dans le système de santé luxembourgeois.

Personnel de santé

La disponibilité de professionnels spécialisés dans les soins aux enfants et aux femmes enceintes étant essentielle pour prodiguer des soins efficaces, sûrs et centrés sur le patient pendant l’enfance, cette section offre un aperçu des professionnels de la santé en exercice au service de l’enfant, incluant les professionnels de la santé spécialisés dans les soins aux femmes enceintes.

Lorsque l’on évalue le personnel de santé disponible dans un système de santé, il est nécessaire de tenir compte de l’organisation et de la dispensation des soins et des prestations propres à ce système, ainsi que des différents professionnels prenant part à ces prestations, à savoir, pour ce qui concerne les enfants : les médecins (pédiatres, généralistes et autres spécialistes), le personnel infirmier, les sages-femmes, les kinésithérapeutes et les pharmaciens, entre autres.

Les travaux publiés sur la planification et les politiques relatives aux professionnels de la santé soulignent tous l’importance de disposer de données fiables sur les ressources humaines dans le domaine de la santé afin de garantir la mise en œuvre des stratégies nationales et d’assurer leur suivi. Au Luxembourg, la planification stratégique basée sur l’analyse du marché du travail du domaine de  la santé s’est avérée difficile, principalement en raison du manque de données et d’informations fiables. Depuis 2019, le ministère de la Santé travaille sur le contenu du registre des professionnels de la santé afin d’améliorer la capacité d’analyse et d’étude de la démographie de ces professionnels. Seules les qualifications professionnelles reconnues au Luxembourg sont systématiquement consignées dans ce registre, ce qui constitue une limitation dans l’évaluation du personnel de santé dédié aux enfants.

La présente section (p.103 à 120 du rapport) présente d’abord la densité des professionnels de la santé de l’enfant au Luxembourg en comparaison avec certains pays voisins (lorsque les donnés étaient disponibles), et les tendances qui ont pu être observées au cours des années 2012–2020. Elle décrit ensuite la répartition des soins aux enfants de 0 à 12 ans entre les pédiatres et les médecins généralistes, ainsi que le type de soins qu’ils dispensent, afin de tenter de comprendre comment les différentes spécialités contribuent aux soins médicaux destinés aux enfants. Enfin, elle décrit la récurrence des visites ambulatoires parmi certaines spécialités pour les jeunes enfants ainsi que la saisonnalité des soins de santé primaires pour les enfants.

Les activités hospitalières, incluant les admissions aux urgences, ne sont pas abordées dans cette section, car les admissions hospitalières et les indicateurs associés seront présentés dans l’édition 2023 de la Carte sanitaire.

Principaux constats :

  • Le Luxembourg est considéré comme un système de soins primaires mixte dans lequel les médecins généralistes et les pédiatres jouent un rôle de premier plan, complémentaire pour les soins de premier recours destinés aux enfants. Toutefois, en 2022, les pédiatres ont assuré 97% des consultations pour les enfants de moins d’un an (contre 3% pour les généralistes), et 86% des consultations pour les enfants de 1 à 3 ans. Les pédiatres assurent la quasi-totalité des consultations préventives des enfants.
  • La densité de pédiatres est plus élevée au Luxembourg qu’en France, en Belgique et aux Pays-Bas, et équivalente à celle de l’Allemagne. Elle a augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 0.16 pédiatre pour 1000 habitants en 2012 à 0.19 en 2022.
  • Par rapport aux pays voisins, la densité des autres principaux professionnels de la santé impliqués dans la prise en charge des enfants au Luxembourg est élevée pour les dentistes (0.94 pour 1000 habitants), comparable pour les sages-femmes (34.3 pour 1000 naissances vivantes) et dans la moyenne pour les gynécologues-obstétriciens (0.18 pour 1000 habitants, contre 0.10 aux Pays-Bas et 0.26 en Allemagne).
  • Le volume global de prestations facturées par les pédiatres, les médecins généralistes et les dentistes est en augmentation ; cependant, le nombre de prestations facturées par prestataire a diminué. 
  • Aucune donnée n’est disponible sur les temps d’attente pour les soins de santé pédiatriques ni sur l’adéquation de l’offre à la demande.

L’activité des pédiatres et des médecins généralistes présente des variations saisonnières, avec des volumes élevés de prestations d’octobre à mars.

Conclusions sur le personnel de santé

En résumé, la densité du personnel prodiguant des soins aux femmes enceintes et aux enfants au Luxembourg a augmenté au cours des dix dernières années étudiées. Pour les pédiatres, les gynécologues-obstétriciens et les dentistes, cette densité est plus élevée que dans la plupart des pays voisins, tandis qu’elle est équivalente pour les sages-femmes. Aucune comparaison internationale n’a pu être identifiée pour les pédopsychiatres ni pour les infirmiers pédiatriques.

Néanmoins, des densités élevées de prestataires de soins de santé ne signifient pas que leur offre réponde à la demande, car le niveau d’activité professionnelle (en termes de temps consacré aux soins) et l’organisation des soins au sein du système de santé, entre autres facteurs, jouent un rôle essentiel dans la disponibilité du personnel de santé.

Nos analyses mettent en évidence qu’au sein du système de santé luxembourgeois les soins de premier recours pour les enfants jusqu’à l’âge de 9 ans sont assurés principalement par les pédiatres, ces derniers jouant un rôle majeur dans l’offre de soins primaires aux enfants.

La densité de pédiatres est élevée et croissante, passant de 0.16 pédiatres pour 1000 habitants en 2012 à 0.19 en 2022, supérieure à celle de la France, de la Belgique et des Pays-Bas et équivalente à celle de l’Allemagne.

Par rapport aux pays voisins, la densité des autres principaux professionnels de la santé prenant part à la prise en charge des enfants est élevée pour les dentistes, et similaire pour les gynécologues-obstétriciens et les sages-femmes. Il n’existe pas de données comparatives fiables pour les pédopsychiatres ou les infirmiers pédiatriques.

Alors qu’en 2017 en moyenne 60% des médecins spécialistes au Luxembourg avaient plus de 50 ans, les pédiatres y étaient relativement jeunes, avec seulement 41% d’entre eux au-delà de ce seuil. Entre 2012 et 2022, l'évolution de la répartition par âge des praticiens a varié d'une spécialité à l'autre : la proportion de pédiatres et de pédopsychiatres âgés de plus de 50 ans est passée respectivement de 35% à 41% et de 33% à 52%, tandis que cette proportion est restée stable chez les gynécologues-obstétriciens (56%) et les dentistes (37%).

L’activité globale des pédiatres, des médecins généralistes et des dentistes, telle que mesurée par les prestations qu’ils ont facturées, est en augmentation ; cependant, le volume des prestations facturées par pédiatre et par médecin généraliste montre une tendance à la baisse.

Il n’y a pas de données disponibles sur les temps d’attente pour les soins pédiatriques ni pour évaluer si l’offre de ces soins répond à la demande. Le nombre de prestations facturées pour 1000 enfants a diminué entre 2012 et 2022.

Les pédiatres assurent une grande partie des consultations de soins primaires pour les enfants jusqu’à l’âge de 4 ans. En 2022, ils ont assuré 97% des consultations pour les enfants de moins d’un an (contre 3% pour les médecins généralistes), et 86% des consultations pour les enfants de 1 à 3 ans. Par comparaison, en France, les pédiatres ont dispensé 38% des consultations aux enfants âgés de 0 à 11 mois en 2018, contre 62% pour les médecins généralistes. Les pédiatres jouent également un rôle prépondérant dans la dispensation de consultations préventives, celles-ci étant presque exclusivement assurées par eux. Il semble que, une fois le pédiatre choisi, les enfants lui soient fidèles, puisque 95% des enfants de moins de 4 ans ont consulté le même pédiatre plus de cinq fois.

 

Infrastructure

Un système de santé doit pouvoir compter sur une infrastructure appropriée, avec des établissements de santé en nombre suffisant et bien équipés, pour être en mesure de dispenser des soins efficaces et efficients. Il est implicite que le bon fonctionnement des infrastructures repose sur un personnel de santé compétent et qualifié, la disponibilité de médicaments et de consommables adéquats et la mise en œuvre de processus appropriés. Cette section (p.121 à 128 du rapport) se borne à décrire l’infrastructure disponible au Luxembourg pour les soins aux enfants et aux femmes enceintes, dans les secteurs primaire et hospitalier, ainsi que la digitalisation des services de santé pour les enfants.

Principaux constats :

  • La loi relative aux établissements hospitaliers a introduit la centralisation de la pédiatrie spécialisée, tout en réservant la possibilité de services de pédiatrie de proximité.
  • Cette loi a également formalisé la centralisation des soins relatifs aux grossesses à haut risque, en introduisant le concept de maternités de niveau 1 et de niveau 2, tout en maintenant les 4 maternités réparties sur le territoire.
  • Le Luxembourg dispose d’un nombre relativement faible de lits hospitaliers pédiatriques et de lits de maternité, par rapport à ses pays voisins.
  • La digitalisation des soins et services de santé pour les enfants progresse mais reste encore limitée.

Conclusions sur l’infrastructure

Le manque de documentation relative aux infrastructures de soins primaires pour les enfants au Luxembourg ne permet pas d’en fournir une description.

La centralisation des soins complexes pour les mères et les enfants a conduit au développement de services spécialisés au CHL et à une réduction du nombre de lits pédiatriques dans les autres hôpitaux. Dans l'ensemble, les quatre hôpitaux de soins aigus disposent d'une maternité, le CHL rassemble à la Kannerklinik l’ensemble des services nationaux dédiés à la prise en charge spécialisée des enfants de 0 à 12 ans, et les trois autres hôpitaux de soins aigus disposent de services de pédiatrie de proximité.

L’évaluation du secteur hospitalier réalisée aux fins du présent rapport repose principalement sur le nombre et la densité de lits disponibles dans le secteur hospitalier. Le nombre de lits disponibles en maternité pour 1000 naissances vivantes et le nombre de lits pédiatriques pour 1000 enfants sont inférieurs à ceux des pays voisins. Cependant, cette section n’a pas évalué le taux d’occupation de ces lits, de sorte qu’une analyse plus approfondie est nécessaire pour déterminer si cette densité plus faible de lits a également conduit à des taux d’occupation élevés, avec le risque de dépassement des capacités d’accueil pour les patients.

La numérisation progresse grâce à la mise en œuvre et à l’adoption du dossier de soins partagés et du carnet de vaccination électronique. Cependant, l’utilisation de la télémédecine et des téléconsultations pour les enfants est très limitée.

Prestations de services

Dans le présent chapitre (p.129 à 160 du rapport), nous utilisons des indicateurs pour évaluer la délivrance des services et soins de santé aux enfants dans le système de santé luxembourgeois.

Principales constatations :

  • Plus de 90% des femmes enceintes et des jeunes enfants prennent part à des visites préventives, en particulier pendant les périodes prénatale et postnatale et si les visites sont encouragées par une incitation financière.
  • Pour les enfants âgés de 2 ans ou plus, pour lesquels les programmes de dépistage et les visites à visée préventive ne sont plus encouragés, le taux de participation chute: au cours de leur troisième et quatrième année de vie, moins de la moitié des enfants participent au dépistage des troubles du langage avec test auditif proposé à l’âge de 30 mois (Bilan 30), 21% des enfants nés en 2018 ce sont rendus aux deux visites médicales recommandées, et 5% aux deux visites dentaires avant l’âge de quatre ans.
  • La proportion d’enfant de petit poids à la naissance diminue, la mortalité maternelle est faible, mais il existe encore une proportion importante de décès d’enfants potentiellement évitables, tels que les décès liés aux accidents et aux transports.
  • Les soins pour les femmes enceintes et les enfants sont globalement accessibles, comme le montrent la distance pour se rendre dans un cabinet pédiatrique et le temps nécessaire pour se rendre dans une maternité ou pour qu’une sage-femme effectue une visite à domicile ; toutefois, le temps de déplacement est généralement plus long pour les habitants du nord du pays.
  • Les besoins non satisfaits en soins dentaires ou en soins médicaux sont très faibles au Luxembourg pour les enfants, même dans les ménages à revenus plus faibles (moins de 60% du revenu national médian équivalent) (0.9% et 1.1%, respectivement), par rapport aux pays voisins.
  • Les taux de césariennes élevés (30.4%) par rapport aux pays voisins, indiquant qu’il existe un potentiel d’’utilisation plus efficiente des prestations hospitalières.
  • L’utilisation d’antimicrobiens chez les enfants a diminué de manière continue de 2011 à 2019 ; cependant, après 2022, un rebond de la prescription d’antibactériens a été observé, y compris pour les antibiotiques à large spectre.
  • Le taux de naissances prématurées dans les maternités de niveau 1 reste considérable.

 

Efficacité

Il est possible de mesurer si les soins et services de santé atteignent les résultats souhaités à l’échelle des patients individuels, de la population ou de l’institution ou établissement de santé. Dans cette section (p.129 à 143 du rapport), nous appliquons des indicateurs disponibles et sélectionnés afin d’explorer si les services de santé publique, les soins primaires et les soins hospitaliers atteignent leurs objectifs de manière efficace sur la population.

Ce chapitre analyse :

- Les visites prénatales, les visites postnatales, les consultations médicales préventives jusqu’à 24 mois, l’évaluation audiométrique, les examens dentaires recommandés, les examens médicaux recommandés, la vaccination et les maladies évitables par vaccination,

- la mortalité maternelle, le poids de naissance, les taux d’hospitalisation, la distribution des scores APGAR

Principales constatations :

  • La couverture des consultations à visée préventive pour mères et nourrissons jusqu’à l’âge de deux ans est excellente, avec plus de 90% de participation.
  • Des taux élevés de couverture vaccinale sont observés chez les jeunes enfants ; cependant, aucune donnée exploitable concernant la couverture vaccinale des enfants plus âgés, y compris pour le vaccin contre le Human papilloma virus (HPV), n’est disponible actuellement.
  • Le taux de participation des enfants aux dépistages et aux consultations à visée préventive après leur deuxième anniversaire est beaucoup plus faible, atteignant 46.9% de la population cible pour le dépistage des troubles du langage avec test auditif, et 42.4% et 19.3% respectivement pour la visite médicale et la deuxième visite dentaire avant l’âge de 4 ans.
  • Moins d’informations sont disponibles au sujet des services utilisés par les enfants d’âge scolaire, en partie en raison d’un manque de données exploitables.

Conclusions sur l’efficacité

Nous avons constaté que les prestations et services de santé publique en périodes prénatale et postnatale, ainsi que les consultations médicales à visée préventive, atteignent quasiment toute la population cible, en particulier si une promotion en est faite et qu’ils s’accompagnent d’une incitation financière. De même, les services fournis lors d’un séjour dans un établissement hospitalier, comme le dépistage auditif réalisé pour la plupart des nouveau-nés pendant leur séjour en maternité, atteignent l’ensemble de leur population cible. Le Luxembourg atteint également des taux de couverture vaccinale élevés, aux alentours de 90% pour tous les vaccins recommandés chez les enfants âgés de 25 à 30 mois, potentiellement en raison des taux élevés de participation aux examens médicaux recommandés avant l’âge de deux ans. Un manque de données appropriées empêche pour le moment l’évaluation de la couverture vaccinale chez les enfants de plus de 30 mois, y compris pour ce qui concerne la vaccination contre le HPV. Une collecte de données plus structurée lors des visites médicales scolaires, qui évalue les dossiers de vaccination des élèves, ou le recours systématique au carnet de vaccination électronique, permettrait à l’avenir de combler ce manque de données.

Cependant, les programmes qui ne comportent pas de prime financière ou qui ne sont pas associés à d’autres prestations montrent des taux de participation beaucoup plus faibles. Moins de la moitié de tous les enfants à l’âge de 30 mois ont bénéficié d’un dépistage du trouble du langage avec test auditif et de l’examen médical recommandé, et encore moins de la visite dentaire recommandée au cours de la 3ème année de vie. Il en va de même pour les enfants entre 42 et 48 mois, dont moins d’un quart ont effectué une visite médicale ou dentaire préventive.

L’efficacité des soins primaires peut s’évaluer à l’aide d’indicateurs qui mesurent la fréquence des affections qui sont, au moins partiellement, évitables par des soins primaires appropriés, comme l’insuffisance pondérale à la naissance, mais aussi la mortalité maternelle et infantile (voir section 2.1 Mortalité). L’évolution de ces indicateurs a été globalement positive, avec une diminution des taux de poids de naissance inférieurs à 2500 g et des taux de mortalité maternelle. Les taux d’hospitalisation des enfants ont également diminué au cours de la dernière décennie, ce qui pourrait suggérer que la prévention et les soins primaires sont plus efficaces et permettent d’éviter certaines hospitalisations. Cependant, une analyse plus approfondie est nécessaire pour déterminer les causes de cette diminution, car de nombreux autres facteurs peuvent également entraîner une réduction des hospitalisations.

En termes de soins hospitaliers, la mortalité néonatale (voir section 2.1 Mortalité), dont les taux restent faibles, pourrait être le résultat de soins prénataux et intrapartum efficaces, avec entre autres la détection précoce d’anomalies congénitales et la prévention de la prématurité. Des soins néonataux (intensifs) efficaces et sûrs peuvent également avoir contribué à la faible mortalité néonatale. Cependant, des analyses spécifiques sont nécessaires pour comprendre l’ensemble des facteurs sous-jacents.

 

Accès aux soins

L’accès est défini comme la disponibilité et l’accessibilité des services, en temps opportun et à un prix abordable, pour les usagers potentiels. 

Cette section (p.145 à 153 du rapport) étudie l’accès aux services de santé au Luxembourg, en prenant en compte les services de santé dispensés en soins primaires et dans les hôpitaux.

Ce chapitre analyse le recours aux sage-femmes à domicile, l’accès aux prestataires de soins, les consultations à la maison médicale de garde, les besoins non satisfaits, l’accès aux maternités, les transferts de nouveau-nés, les hospitalisations à l’étranger.

Principaux résultats :

  • En 2022, 82% des femmes ont bénéficié de soins post-nataux à domicile par des sages-femmes.
  • Les femmes issues de ménages à revenus élevés ont eu des niveaux plus élevés de consultations de sages-femmes à domicile que celles de ménages à faibles revenus, dont les taux de consultations étaient plus faibles.
  • Les maternités sont accessibles en voiture en moins de 30 minutes aux heures de pointe (8 heures du matin) pour 82.5% des femmes en âge de procréer. Cependant, pour les personnes qui n’ont pas de voiture et qui vivent plus loin des villes, cela peut constituer un défi.
  • 94.5% des enfants de 0 à 12 ans habitent à moins de 10 km d’un cabinet pédiatrique.
  • Les consultations pédiatriques en dehors des heures d’ouverture des cabinets représentent une alternative aux visites aux urgences le soir et le week-end.
  • Le recours à l’hospitalisation à l’étranger est relativement limité.

 

Conclusions sur l’accès aux soins

Cette section a analysé des indicateurs variés évaluant l’accès aux soins de santé au niveau des soins primaires et des hôpitaux.

En 2022, 82% des femmes ont bénéficié de soins à domicile par des sages-femmes après leur sortie de la maternité. Dans l’ensemble, la plupart des femmes enceintes résidant au Luxembourg peuvent accéder aux maternités en moins de 30 minutes. Les femmes vivant dans le nord, le nord-est et le nord-ouest ont besoin de plus de temps pour se rendre dans une maternité (plus de 30 minutes). En ce qui concerne l’accès aux cabinets de pédiatrie, seules les personnes vivant dans le nord du pays doivent parcourir plus de 20 km pour se rendre chez un pédiatre. Ces résultats montrent que, du moins en termes de distance et de temps de trajet, les cabinets pédiatriques et les maternités sont accessibles relativement facilement.

Enfin, le recours aux hôpitaux à l’étranger est relativement limité, ce qui suggère que la plupart des services nécessaires sont accessibles sur le territoire.

Dans l’ensemble et sur la base des indicateurs utilisés, on peut considérer qu’il y a une bonne accessibilité géographique aux soins primaires et hospitaliers au Luxembourg.

 

Sécurité des soins

Pour qu’un système de santé soit efficace et opérationnel, il est essentiel de garantir la sécurité des soins. Cela implique des mesures appropriées visant à prévenir le risque de préjudice inutile associé à la prestation de services de santé.14 Dans cette section (p.154 à 160 du rapport), nous explorons l’aspect de la sécurité des soins de santé au Luxembourg, tant dans le secteur des soins primaires que dans le secteur hospitalier.

Ce chapitre analyse l’utilisation d’antibiotiques, les effets indésirables liés à des médicaments, les naissances prématurées dans des hôpitaux sans service de néonatologie, le taux de césariennes.

Principaux constats :

  • La consommation d’antibactériens à usage systémique au niveau des soins primaires augmente à nouveau au cours de la période post-pandémique.
  • La part des antimicrobiens à large spectre dans l’utilisation globale des antimicrobiens a augmenté depuis 2020.
  • Les déclarations d’événements indésirables liés à l’usage de médicaments chez les enfants âgés de 0 à 12 ans ont légèrement augmenté entre 2011 et 2020.
  • Sur les 74 événements indésirables liés à l’usage des médicaments déclarés, 30 concernent des vaccins.
  • La proportion de nouveau-nés prématurés nés dans des maternités avec un service de soins intensifs néonataux est passée de 36.7% en 2011 à 57.9% en 2021.

Conclusions sur la sécurité des soins

La surveillance de l’usage des antimicrobiens est importante, car un usage excessif et inapproprié augmente la résistance aux antimicrobiens. La tendance à la baisse du taux de prescription d’antibactériens à usage systémique est encourageante. Toutefois, depuis 2020, les taux de prescription ont de nouveau augmenté, et un suivi attentif sera nécessaire pour évaluer si cette tendance se poursuit ou si les taux diminuent à nouveau à l’avenir. Il en va de même de l’augmentation récente de l’usage des antibiotiques à large spectre par rapport aux antibiotiques à spectre étroit chez les enfants.

En ce qui concerne la pharmacovigilance, le taux de notification des événements indésirables est globalement faible au Luxembourg, et comparable aux pays voisins. La majorité des déclarations d’effets indésirables se rapportent aux vaccins, ce qui souligne l’importance d’une surveillance continue et d’une évaluation de l’innocuité dans les programmes de vaccination pédiatrique.

Au cours de la dernière décennie, la proportion de nouveaux-nés prématurés nés dans des maternités dotées de soins intensifs néonataux a augmenté de manière significative. Néanmoins, il existe toujours une marge de progression pour offrir aux prématurés un environnement le plus sécurisé possible, étant donné que plus de 40% de tous les nouveau-nés prématurés naissent encore dans des maternités dépourvues de soins intensifs néonataux. Le Luxembourg présente également taux élevé de césariennes, ce qui indique que de nombreuses interventions chirurgicales non justifiées mobilisent de précieuses ressources sans apporter de bénéfices supplémentaires pour la santé.

Enfin, d’importantes lacunes dans les données empêchent une analyse plus approfondie de la sécurité des soins de santé dispensés aux enfants au Luxembourg. Cela concerne notamment la possibilité d’évaluer la sécurité des hôpitaux en matière d’infections associées aux soins parmi les enfants hospitalisés.