Synthèse

Contexte et objectifs

La santé des enfants constitue un enjeu majeur de santé publique au Luxembourg. L’évolution des pathologies et des besoins en soins pédiatriques a modifié le recours à l’hospitalisation, avec une diminution des séjours pour certaines affections courantes et une augmentation des besoins en soins spécialisés ou complexes. Dans ce contexte, la loi hospitalière modifiée de 2018 a structuré l’offre en centralisant les services pédiatriques spécialisés et en organisant la pédiatrie de proximité.

Ce rapport complète le rapport « Eng gesond Zukunft : un rapport sur la santé de l’enfant au Luxembourg », en analysant l’activité hospitalière des 0-18 ans entre 2018 et 2022, afin de :

  • décrire l’utilisation des soins hospitaliers selon l’âge et le type de séjour,
  • identifier les principaux motifs d’hospitalisation et
  • fournir des éléments permettant d’évaluer l’adéquation des capacités d’accueil

Sources et méthodologie

Les analyses reposent sur les données de la Documentation et classification des séjours hospitaliers (DCSH), fournies par la Direction de la santé. Au total, 46 876 séjours enregistrés dans les quatre centres hospitaliers (CHdN, CHEM, CHL, HRS) ont été analysés entre 2018 et 2022.

Constats

Recours important aux soins hospitaliers durant la première année de vie

La grande majorité des nouveau-nés (93–94%) restent en maternité auprès de leur mère, et ne nécessitent pas de transfert vers des services spécialisés. Cependant, la première année de vie des enfants concentre la plus grande part de l’activité stationnaire avec 34,5% des séjours stationnaires (2 126 séjours) et 42,8% des journées d’hospitalisation (14 280 journées) en 2022. Le recours est maximal durant les premiers jours de vie : pour les nouveau-nés de 0 à 7 jours, il est 8 fois supérieur à celui des nouveau-nés de 8 à 28 jours et 27 fois supérieur à celui des nourrissons âgés de 29 jours à moins d’un an. Autre caractéristique, les séjours hospitaliers durant la première année de vie sont très majoritairement stationnaires (plus de 90%).

L’adolescence : une autre période de recours élevé aux soins hospitaliers

En 2022, les adolescents âgés de 13 à 18 ans représentent 27,4% des séjours (3 082 séjours), dont plus de la moitié en hospitalisation de jour, et 32,2% des journées d’hospitalisation stationnaire (10 743 journées).

Répartition de l’activité entre établissements

Le CHL prédomine, avec 66,5% des séjours stationnaires, 51,7% des hospitalisations de jour et 67,5% des journées d’hospitalisation en 2022. Le rôle central du CHL est d’autant plus marqué que les enfants sont jeunes, avec 81,5% des séjours stationnaires des moins d’un an et environ 80% des journées d’hospitalisation des moins de 15 ans.

Les HRS se démarquent dans l’accueil des adolescents, avec 31,2% des séjours et 64,9% des journées d’hospitalisation des adolescents de 15 à 18 ans en 2022. Ce rôle est probablement en lien avec l’exploitation du service national de psychiatrie juvénile.

Occupation des lits à minuit

L’occupation des lits pédiatriques varie selon les saisons, allant de 60 à 115,8 lits occupés en moyenne (LOM) à minuit entre 2018 et 2022. Les nouveau-nés de 0 à 28 jours occupent environ 30 lits en moyenne par jour et sans variation saisonnière. À l’inverse, les autres tranches d’âge présentent des pics automnaux. Les adolescents de 13 à 18 ans constituent le second groupe en matière d’occupation de lits stationnaires, avec 15 à 37 LOM par jour. En novembre 2022, les capacités d’accueil ont été dépassées avec un taux d’occupation national de 93,4% pour les 0 à 18 ans et des taux d’occupation supérieurs à 100% au CHL et aux HRS pour les 0 à 12 ans. Les nourrissons et les jeunes enfants étaient principalement concernés par ce pic.

Motifs d’hospitalisation

Chez les enfants âgés de moins d’un an, les affections respiratoires dominent (44,7% des séjours stationnaires), dont plus de 6 séjours sur 10 liés au virus respiratoire syncytial (VRS).

Chez les enfants de 0 à 12 ans, les affections respiratoires restent le 1er motif stationnaire (30,3%). Les affections ORL et crâniennes sont le principal motif d’hospitalisation de jour, essentiellement en lien avec les interventions sur les amygdales et les végétations. En 2022, 70,7% de ces procédures ont été réalisées en ambulatoire, un taux inférieur à plusieurs pays européens. Les affections du système reproducteur masculin constituent le 2ème motif d’hospitalisation de jour dans cette tranche d’âge.

Chez les adolescents de 13 à 18 ans, les affections musculosquelettiques sont le 1er motif d’hospitalisation stationnaire (22,2%), tandis que les affections digestives sont le 1er motif en hospitalisation de jour (16,8%). Enfin les troubles de la santé mentale constituent le 2ème motif d’hospitalisation stationnaire (16,7%) et apparaissent de manière récurrente dans l’analyse des données détaillées fournie à l’Annexe 3.

Conclusion et perspectives

Le rapport met en évidence une forte concentration des hospitalisations au cours de la première année de vie, principalement pour des affections respiratoires, ainsi que des pics épidémiques saisonniers susceptibles de saturer les capacités, comme en novembre 2022. Il montre également la fréquence du recours à l’hospitalisation stationnaire pour les troubles de la santé mentale et les affections musculosquelettiques chez les adolescents, tandis que l’hospitalisation de jour des enfants est dominée par certaines interventions chirurgicales (notamment amygdalectomie).

Les constats de ce rapport appellent à deux types de leviers d’action :

  • Réduire les hospitalisations stationnaires évitables pour libérer des capacités. Sont ciblées principalement ici les affections respiratoires évitables au moyen de la vaccination, mais aussi les affections chroniques, telles que l’asthme. Sont également ciblées les procédures chirurgicales réalisables en ambulatoire, principalement celles sur les amygdales et les végétations.
  • Améliorer les capacités d’accueil des enfants et adolescents et soutenir les alternatives à l’hospitalisation stationnaire chez les adolescents pour la psychiatrie juvénile.