Dispensation des services de santé

Le système de santé luxembourgeois offre un large éventail de services, reposant sur des principes fondamentaux tels que l'accès direct aux prestataires de soins et le libre choix du patient parmi tous les professionnels de santé.

Santé publique

Le M3S et la Direction de la santé sont responsables de la santé publique. Les services de santé publique sont dispensés selon divers canaux : soit la Direction de la santé assure directement ces services, soit elle collabore avec des partenaires externes dans le cadre d'accords conventionnels. Le Luxembourg propose un large éventail de services de santé publique, allant des programmes de vaccination aux activités de promotion de la santé dans les établissements scolaires, en passant par des programmes de santé maternelle, prénatale et infantile ainsi que des dépistages du cancer. Cependant, bien que le pays enregistre encore un taux élevé de comportement à risque tels le taba­gisme et la consommation d'alcool, il n'existe pas de plan stratégique global dédié à la prévention et à la santé publique.

Soins primaires et extrahospitaliers

Le Luxembourg n'impose pas de contrôle d’accès aux spécialistes (gate-keeping), et les patients peuvent choisir librement leurs prestataires de soins (cf. Encadré 3), même si des initiatives ont été mises en place pour encourager les patients à s'adresser à leur médecin généraliste comme premier point d'en­trée dans le système de soins de santé.

En 2019, la part des résidents ayant consulté un médecin généraliste au moins une fois au cours de l’année (58 %) était similaire à la moyenne de l'UE (54 %), mais nettement supérieure à la moyenne de l'UE pour les consultations de spécialistes, (53 % contre 35 %) (Eurostat, 2024).

 

 

Encadré 3 Quels sont les points forts et les points faibles des soins primaires ?

Le principe du libre choix des professionnels de la santé est considéré comme l’un des principaux atouts du système

de soins primaires au Luxembourg. Le fait de pouvoir choisir leurs médecins selon leurs préférences personnelles,

sans restriction d'accès ni de contre-incitant financier, permet aux patients de bénéficier d'un large éventail de

services, y compris de soins spécialisés. Cependant, l'absence de système de mécanisme de contrôle d’accès

peut nuire à la coordination et à la planification des soins primaires. En outre, l'organisation et la gouvernance des

soins primaires au Luxembourg sont confrontées à des défis en raison de l’absence d’une loi-cadre ou de définitions

claires encadrant les soins primaires et ambulatoires.

Soins hospitaliers

Comme le montre la hausse des hospitalisations de jour, dont la part est passée de 31 % en 2010 à 48 % du total des séjours hospitaliers en 2021 (ObSanté, 2024), le Luxembourg a progressé en matière de virage ambulatoire mais le système de santé demeure très hospitalocentré et continue à mettre l'accent sur les soins spécialisés (cf. Encadré 4). En 2021, la durée moyenne d'un séjour (DMS) hospitalier était de 7,3 jours au Luxembourg, supérieure à la DMS en France (5,6 jours) et en Belgique (6,3 jours), et équi­valente à la DMS en Allemagne (7,4 jours) (OECD, 2024). Conformément au principe du « pas tout partout », les soins spécialisés complexes ou dont la qualité dépend du volume sont souvent concentrés dans un seul hôpital, voire centralisés au plan national. Pour des traitements très spécialisés ou des pathologies complexes, les patients peuvent également être orientés vers des hôpitaux à l'étranger.

 

 

Encadré 4 Les efforts visant à améliorer l'intégration des soins donnent-ils des résultats ? 

Les initiatives en matière de soins intégrés sont assez récentes au Luxembourg. La loi hospitalière de 2018 (Art. 28) constitue le premier pas vers une approche des soins intégrés ; il vise à réglementer les réseaux de soins intégrés (« réseaux de compétences ») qui englobent les prestataires de soins primaires et spécialisés, qu’il s’agisse de cabinets individuels ou d’établissements hospitaliers. La loi de 2018 précise les différentes pathologies ou groupes de pathologies pouvant être inclus dans un réseau de compétences, ainsi que les critères pour obtenir l'autorisation de création d’un tel réseau. En mars 2023, des réseaux de compétences ont été autorisés pour trois groupes de pathologies : les douleurs chroniques, les maladies neuro-dégénératives (ParkinsonNet) et les maladies rhumatis­males auto-immunes. À la mi-2024, seul ParkinsonNet était opérationnel.

Soins pharmaceutiques

En tant qu'autorité compétente sous la tutelle du M3S, la Division de la pharmacie et des médicaments de la Direction de la santé, supervise l’exercice de la pharmacie et la réglementation des médicaments et des produits de santé. Le Luxembourg est le seul pays de l'UE à ne pas disposer d'une autorité natio­nale de régulation des médicaments et produits de santé, mais la création d'une telle agence a été pro­posée par voie législative : l'Agence luxembourgeoise des médicaments et produits de santé (ALMPS) (CHD, 2020). Tous les médicaments commercialisés au Luxembourg sont importés, principalement de Belgique et des autres pays voisins (Conseil de la concurrence, 2022). Les produits pharmaceutiques sont distribués via les pharmacies d'officine et les pharmacies hospitalières. Malgré l'existence d'une politique de substitution par des médicaments géné­riques, le Luxembourg présente le plus faible taux de pénétration des génériques (en volume et en valeur) en soins ambulatoires de toute l'UE (OECD/European Observatory on Health Systems and Policies, 2023). La consommation d'antibiotiques, qui est inférieure à la moyenne européenne tant en soins primaires qu'en milieu hospitalier, et la résistance aux antimicrobiens sont des sujets de préoccupation politique depuis plusieurs années (ECDC, 2023).

Soins de longue durée

Le Luxembourg dispose d’une offre extensive en réa­daptation gériatrique et en établissements de soins de longue durée. Introduite en 1998, l'assurance dépendance fonctionne selon les mêmes principes que l'assurance maladie. Elle couvre les soins et ser­vices permettant aux personnes de réaliser les actes essentiels de la vie (telles que l'hygiène corporelle, la toilette, la nutrition, l'habillement et la mobilité), et comprend l'aide technique nécessaire, de même que l'adaptation du logement. En outre, le Luxembourg prend en charge les cotisations à l'assurance pen­sion des aidants informels, verse des prestations en espèces pour les services rendus et offre des sessions de formation pour soutenir les aidants dans leur rôle.

Soins dentaires

Les soins dentaires sont prodigués par des méde­cins-dentistes en dentisterie générale, des orthodon­tistes et des spécialistes en chirurgie dentaire, orale et maxillo-faciale (Mémorial A139, 2011). Les tarifs des soins dentaires sont fixés dans les nomenclatures nationales par règlement grand-ducal, selon la même procédure que pour les médecins. Au Luxembourg, les dépenses en soins dentaires à la charge des ménages représentent une part importante de la participation aux coûts, atteignant environ un cinquième de la totalité des dépenses à la charge des ménages en 2022 (cf. Figure 3). La plupart des médecins-dentistes exercent en cabinet privé mais, à l'instar des méde­cins, certains sont liés par contrat à des hôpitaux et partagent leur activité entre leur cabinet privé et l’hô­pital. En dépit de la législation existante, le secteur dentaire au Luxembourg ne dispose pas de normes robustes, ni d'organe de supervision. De ce fait, les infractions à la réglementation (dans le domaine des pratiques publicitaires, par exemple) passent souvent inaperçues ou n'ont pas de conséquences juridiques.